Les Fils de l’absent
Deux jeunes gens, Abdel et Nick, sur qui plane l’ombre d’un père absent de leur vie et honni. Deux jeunes gens écroués dans la même cellule et que tout sépare : l’un est un petit délinquant hâbleur et bavard, à ses heures indicateur de police, l’autre un garçon silencieux et sombre, imbu de religion. Ils sont impliqués dans deux assassinats, celui d’un trafiquant de stupéfiants et celui d’un religieux. Deux affaires criminelles, qui vont s’avérer connexes, comme si le Destin les avait entremêlées.
En face d’eux, deux femmes : juge et commissaire de police, chargées de conduire les deux enquêtes ; leurs méthodes de travail et leurs convictions les opposent. Leur confrontation est feutrée mais réelle. Aussi la vérité tarde-t-elle à apparaître, jusqu’à l’issue fatale. Fatale, comme autrefois, aux temps immémoriaux.
Séquence 1
Juge : Depuis quatre jours, Commissaire, la foule afflue
Et gronde comme un torrent sur les places et dans les rues.
Elle veut des coupables, elle exige des châtiments.
Le gouvernement, hier, l’a assurée de son soutien,
Lui a promis toute la lumière sur ce crime.
Le Premier Ministre a protesté
Contre ce qu’il a qualifié d’atteinte intolérable
À la liberté des cultes et au droit imprescriptible
De chacun à la Sûreté et à l’Égalité devant la Loi.
C’est dire si on nous presse, Commissaire,
Et si nous avons besoin de résultats.
Séquence 5
Abdel : « Hier sur l’Esplanade, au point de contrôle,
J’ai pleuré sur toi, ma Ville, devenue geôle,
Qui fais croître partout l’Ennemi en faction
Et peser sur nous le joug de l’Occupation… »
« Quoi ?
Tu ne connais pas mon nom ? »
Demande-t-il lorsque la porte a été refermée par le surveillant.
« C’est pas possible !
Tu te moques de moi ? »
J’entends quelqu’un en moi répondre :
Pourquoi je me moquerais de vous ?
C’est vrai : je ne connais pas votre nom.