il suffit d’un nuage – lecture publique

Date de publication : 18 janvier 2017

Il suffit d’un nuage présente le travail de l’atelier d’écriture théâtrale animé pour Turbulences (www.collectif-turbulences.fr) à la Maison des Arts de Lingolsheim par Céline Bernard et Dominique Zins d’octobre 2015 à décembre 2016. L’ensemble est constitué d’extraits plus ou moins complets d’écrits des participants, qui ont accepté de les présenter au public sous la forme d’une lecture le :

Il suffit d’un nuage

 

Il suffit d’un nuage présente le travail de l’atelier d’écriture théâtrale animé pour Turbulences (www.collectif-turbulences.fr) à la Maison des Arts de Lingolsheim par Céline Bernard et Dominique Zins d’octobre 2015 à décembre 2016. L’ensemble est constitué d’extraits plus ou moins complets d’écrits des participants, qui ont accepté de les présenter au public sous la forme d’une lecture le :

25 février 2017 à 18 h

Maison des Arts de Lingolsheim

Accueil à 17 h 30

Entrée gratuite

Durée : 1 heure environ

Accès : Bus n° 15, arrêt Mairie

Réservations : auprès de vos amis et connaissances

Textes de : Alexandra Gaebel, Rachel G., Christopher Lapp, Christophe Lyonnet, Alexandre Schmitt, Christiane Sibieude, Soufia Souaï.

 

 

Stages d’écriture théâtrale

Date de publication : 19 octobre 2016

Les 8 et 9 octobre et 10 et 11 décembre 2016, les membres de l’atelier de l’écriture qui l’ont souhaité se réuniront en stage animé par Dominique Zins pour donner suite à leur travail de l’an dernier sous la forme d’un texte court de théâtre, qui fera ensuite l’objet d’une lecture publique à la Maison des Arts de Lingolsheim en janvier ou février 2017.

Une publication de ces textes sur ce site ou sous une forme écrite est envisagée ensuite

Des nouvelles de la résidence

Date de publication :

L’an dernier, notre résidence avait été riche de beaucoup de belles rencontres. Grâce au soutien de la Ville de Strasbourg  (Direction de la Culture) et de la DRAC Grand-Est, du temps nous est de  nouveau alloué pour conduire notre intervention à son terme.

Durant la saison 2016-17  elle prendra la forme suivante :

  • création du texte issu des témoignages recueillis l’an dernier entre novembre 2016 et février 2017 ;
  • lecture de ce texte dans le quartier à l’intention des personnes qui ont participé au projet mais aussi de tous les habitants qui le souhaitent, du Port du Rhin et des Deux-Rives entre février et avril 2017.

Nous maintiendrons par ailleurs notre partenariat avec le centre socio-culturel et le club de prévention OPI, qui sont les acteurs permanents du quartier, afin d’aider l’expression des personnes qui le souhaitent et de participer en avril prochain sous une forme ou sous une autre à l’Ososphère.

Un partenariat avec des étudiants en ethnographie et muséographie se dessine et nous espérons coopérer avec eux à la réalisation d’une exposition de photos ou d’objets réalisés par les habitants.

Nous espérons enfin une lecture du texte né de la résidence auprès d’un public plus large, par exemple sur une scène de théâtre hors programmation.

Pierre Zeidler et Dominique Zins

Le Coffret du Port du Rhin

Date de publication : 20 juin 2016

“Du passé naît le présent et dans le présent s’enfante l’avenir. Nous sommes l’avenir de nos lointains ancêtres, le passé de nos descendants et les fleuves, pour qui sait les comprendre, portent au loin nos histoires. Le passé nous est connu par les livres, le Web, les sites historiques et les recherches des savants….”
En mars et avril 2016, Nicole Docin-Julien, conteuse, a animé un atelier de création d’histoires avec des personnes rencontrées par Turbulences au cours de sa résidence. En a résulté la création d’un conte, restitué au public le 4 juin 2016 dans la salle du Forum (école du Rhin).

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« LE COFFRET DU PORT DU RHIN 

    – Atelier de création d’histoire

par Nicole Docin-Julien, conteuse,

 

Port du Rhin – mars-avril 2016

Histoire imaginée avec : Azzah, Marie, Brigitte, Carine, Majid, Alissa, Isabelle, Monia, Murielle, Léa, Najia, Véronique  –  Jeanne, Pierre et Dominique

Rédaction : Nicole Docin-Julien  Mai 2016

 

Du passé naît le présent et dans le présent s’enfante l’avenir. Nous sommes l’avenir de nos lointains ancêtres, le passé de nos descendants et les fleuves, pour qui sait les comprendre, portent au loin nos histoires. Le passé nous est connu par les livres, le Web, les sites historiques et les recherches des savants.

De singulières trouvailles nous apprennent aussi beaucoup comme, par exemple, ces étonnants feuillets découverts au Port du Rhin, sur le chantier de la construction du Grand Pont.

Un jour de printemps, c’est en 2015, Johann Meyer, – lointain descendant de Johann Enoch Meyer (1560/1618) dont les cartographies du 1er pont fixe sur le Rhin sont conservées aux Archives de Strasbourg – , Johann Meyer, donc, heurte de sa pelle ce qu’il pense être une grosse pierre. En creusant encore, en fait de pierre, il dégage un très vieux coffret couvert de terre. Il le nettoie précautionneusement, les mains tremblantes et, sous le regard impatient de ses collègues, fait jouer le crochet qui le ferme. Pliés avec soin dans un étui de cuir, une dizaine de feuillets manuscrits s’offrent aux regards.  Six dessins piquent la curiosité :

– Une enfant au bord d’un fleuve

– Des femmes autour d’un feu, sous les étoiles

– Un homme sur une barque

– Un sanglier et un renard

– Un pont en construction

– Un homme, une femme, l’enfant et le renard

La nouvelle fait sensation et Johann Meyer se retrouve à la Une des DNA, à la grande fierté de sa famille et de ses amis.  Le coffret précieux est transmis au responsable des fouilles archéologiques du chantier qui fait appel à des spécialistes des langues anciennes, des paléologues de l’Université Louis Pasteur. Qu’est-il écrit, que signifient les dessins ? Questions et supputations vont bon train.  Quelques mois plus tard, le livret décrypté révèle une mystérieuse rencontre survenue il y a fort longtemps au bord du Rhin, aux alentours du 12ème siècle pour être précis.

Voici ce que l’on sait aujourd’hui de cet événement, grâce à la minutieuse reconstitution des feuillets et des dessins.

Dessin d’une enfant au bord d’un fleuve La fillette a vécu seule sur une rive du Rhin pendant la première lune d’automne. Sept femmes l’ont rejointe, l’une après l’autre, venant chacune d’un horizon différent, – un village éloigné, un hameau inconnu -, distant de quelques jours ou semaines de marche du fleuve. À leur arrivée, l’enfant leur a posé la même question : « Pourquoi es-tu là ? »

– Le fleuve m’a appelée

– Mon chien m’a guidée

– Je cherche mon destin

– Le vent a dit mon nom

– Je cherche la paix

– J’ai vu le chemin en rêve

– Ma place est ici !

Elles ont dressé leur campement près des berges. L’endroit est beau, calme et inspirant. La Devineresse a parlé au nom de toutes en désignant l’espace, les arbres, les fleurs et le ciel :  « Ici, nous inventerons l’avenir ».

Dessin de femmes autour d’un feu, sous les étoiles Chaque soir de La Rencontre, les femmes se retrouvent autour d’un feu. Celle qui l’a veillé pendant le jour prend la parole et confie sa vie à ses compagnes, avant de faire un vœu pour les temps futurs. Quand la gardienne du feu se rassoit, les autres femmes disent ensemble :

« Tu as bien parlé ! »

Plus tard dans la nuit, la Guérisseuse prépare une eau de plantes et passe des herbes sur le front de chacune. Les femmes jettent ensuite les herbes dans les flammes avec leurs soucis et leurs chagrins :

– Je suis venue seule ; celle qui m’avait promis son aide m’a trahie. – Tu es parvenue jusqu’ici par toi – même. Prends conscience de ta force – répond Femme-Paix.

– La maladie m’affaiblit ; je ne suis plus rien…

– D’autres joies sont possibles – promet Femme-Cœur

– Chaque nuit, je rêve d’une fleur merveilleuse de la couleur du soleil et je désespère de la trouver.

– N’es – tu pas déjà son jardin ? – sourit La Guérisseuse

– Chaque jour il me faut trouver du courage pour vivre et je pense longtemps avant de m’endormir…

– Les épreuves sont des épices ; les obstacles s’affrontent ou se contournent – dit Femme-Sagesse.

Les vœux des Femmes pour ceux qui vivront des siècles plus tard au bord du Rhin sont écrits sur ce feuillet :

– Ils trouveront leur force dans l’entraide

– Leurs enfants grandiront, connus de tous et protégés par tous

– La porte de leurs maisons sera ouverte

– La fraternité les unira

– Ils iront librement d’une rive à l’ autre

– La générosité les guidera

– Ensemble, ils accompliront de grandes choses

Dessin de l’homme sur le fleuve

Le 4ème soir, la Devineresse s’est dressée :

– Je le savais : le voilà ! Nous l’accueillerons ; il nous dira qui il est et ce qu’il veut.

Un homme arrive ; seule l’Enfant le connait. Après avoir amarré sa barque, il s’approche du feu, salue les Femmes, serre l’Enfant dans ses bras et prend place près de La Maternelle. Les regardant tous deux, la Devineresse murmure: Ensemble, ils sont la terre et l’eau fécondes. L’homme révèle aux Femmes le pouvoir de la petite : C’est elle qui vous a appelées jusqu’au fleuve. Dans leur famille, à chaque génération naît un enfant singulier, porteur d’un don qu’il découvre un jour. Il se souvient de ses douze ans… Il vivait alors chez sa grand-mère avec son jeune frère.

Une nuit sa mère lui est apparue, montrant le lit vide à côté du sien. Réveillé en sursaut, il s’était précipité hors de la maison, criant le nom du petit, appelant au secours.  Sa grand-mère et des voisins l’avaient rejoint auprès du Rhin, des torches à la main. Une étrange torpeur le tenait immobile tandis que tous s’agitaient. Sa grand-mère l’avait secoué par l’épaule :

– Eveille ton pouvoir, n’ai pas peur. Cherche ton frère ! Où est – il ?  Il avait tendu le doigt :

– Là, vite !

Une branche coincée entre deux rochers avait miraculeusement gardé le petit hors des remous du fleuve. Il était resté au bord de l’eau un instant, tandis que l’on portait son frère à la maison. Un éclat de lune avait brillé : une sirène argentée lui souriait. Lui seule l’avait vue. Depuis, il la retrouvait chaque fois qu’il avait besoin d’aide.

Quelques jours plus tard, sa grand-mère lui avait montré une barque :

– Ton don doit se fortifier ; va sur le fleuve , suis – le pour apprendre.

Il était parti au fil de l’eau, vivant quelques semaines ou quelques mois dans les villages qu’il découvrait. Il avait observé les pêcheurs, les artisans, ceux qui travaillaient la terre, parfois sans comprendre leur langue. De voyage en voyage, il avait montré à son tour ce qui pouvait leur être utile.

Des années plus tard son frère avait eu une petite fille. A 12 ans, elle avait laissé sa maison derrière elle, marchant sans trêve le long du Rhin. Il ne s’était pas inquiété, certain de la retrouver. La sirène l’avait guidé jusqu’au campement des Femmes. Pouvait – il demeurer là quelque temps ?

Dessin du sanglier et du renard Les Femmes écoutent l’homme et s’interrogent. Peuvent – elles lui faire confiance ? Femme du Partage demande des preuves de son courage et de son cœur. L’homme part en forêt pour y combattre un terrible sanglier. A son retour, la Guérisseuse soigne ses blessures à l’ombre d’un arbre. Tapi dans les fourrés, un renard blanc l’observe, longtemps. Pour l’apprivoiser, l’homme chante doucement et l’animal s’approche, pas à pas. Quand le renard s’allonge enfin près de l’arbre, l’Enfant le rejoint. Ils ne se quitteront plus. C’est ce  soir-là que l’homme a dit aux Femmes son Rêve d’un pont entre les berges du fleuve.

Dessin d’un pont en construction En haut du feuillet, deux courtes phrases :

– « Le fleuve sépare les terres, le pont les unit »

– « Le courant est fort ; les piliers plus encore »

L’homme et l’Enfant partent en barque le long du fleuve, d’une rive à l’autre, à la recherche de bâtisseurs. L’homme sait où les trouver, il connaît leurs villages. L’Enfant les écoute attentivement     et rapidement parle leur langue ; son pouvoir est grand. Terrassiers, menuisiers, tailleurs de pierre et forgerons  les suivent et travaillent sur le chantier avec ardeur.  A la troisième lune, le pont est terminé.

Note du traducteur : « Le feuillet suivant semble incomplet. Manquerait-il un dessin ? »

Je vous propose d’imaginer le dessin manquant : Un feu vif éclaire la nuit, les flammes crépitent.

Une joyeuse fête réunit les Bâtisseurs, avant leur retour chez eux. Les étoiles brillent, l’air est doux. Chacune et chacun a revêtu ses plus beaux habits. Ils sont heureux. Des musiciens jouent, des couples dansent des deux côtés du pont.

Le pont sur le Rhin est achevé. Femmes et bâtisseurs : certains se sont unis, bénis par Femme-Cœur. Des enfants naîtront et d’autres encore. De génération en génération, ils garderont la mémoire de la Rencontre.

Note du traducteur « Le feuillet suivant de forme différente des autres est un message »

Dessin de l’homme, de la femme, de l’enfant et du renard Avant de nous séparer, nous avons fait un cercle  pour honorer la confiance. Ensemble, nous avons réalisé de grandes choses. Ce lieu est sacré. Nous nous sommes salués à l’aube, nous souhaitant Bonne chance et Bel avenir. Moi, l’Homme du fleuve, je pars avec La Maternelle et l’Enfant ; les femmes l’ont nommée Fille de l’Espérance. Elle dit qu’il faut d’autres ponts ; le renard blanc la guide, à moins que ce ne soit la sirène, changeant de forme, mystérieusement ?

Je dépose notre histoire dans un coffret ; je le confierai aux berges du Rhin pour qu’il soit trouvé, plus tard, par des Gens de Bien. J’ignore combien de temps il restera caché. Les vœux des Gardiennes savent attendre ceux qui les réaliseront. ————————–

Voilà, vous savez presque tout des feuillets découverts l’an dernier sur le chantier du Grand Pont, au Port du Rhin, dans un très vieux coffret. Nous sommes en 2016, les travaux continuent… Il y aurait-il d’autres trésors à venir ?  Encore un mot : si, en longeant le Rhin, vous apercevez une sirène argentée ou un renard blanc, chut… Partez sans bruit… Ils veillent sur les Promesses.

Commedia

Date de publication : 25 mai 2016

C’est une presse qui m’étouffe et m’enserre,
Une forge, un marteau qui me travaille,
Me fouraille jusque dans les profondeurs.
Le mal de toi est comme l’ouvrage du fondeur,
Par quoi je prends forme au feu.

Dominique ZINS – 8 € –
ISBN 2-9509968-6-8

L’amour, ses illusions, ses excès, ses masques, ses postures. Entre lyrisme et humour et un rien d’érotisme, des poèmes écrits entre 1998 et 2003.

Un recueil publié par Dominique ZINS  en avril 2016, disponible auprès de l’auteur à prix coûtant.

Il constitue l’édition révisée et définitive d’un recueil antérieur, paru en 2008 sous le titre : “Ephémérides”.

Une Femme (enquête)

Date de publication :

Ishtar :

Mes ennemis triomphent,

Je ne vais plus lutter,

Juste m’abandonner, laisser faire.

Jouir de l’amertume, mépriser leur nombre,

Les laisser à leurs vociférations,

https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwir4d_Gv_76AhUS4oUKHfNlCYkQtwJ6BAgFEAI&url=https%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3DGI8jKT_RYVI&usg=AOvVaw3IS1rgyuip-5e_koY3Q1ca

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Ishtar :

Mes ennemis triomphent,

Je ne vais plus lutter,

Juste m’abandonner, laisser faire.

Jouir de l’amertume, mépriser leur nombre,

Les laisser à leurs vociférations,

A leur joie aveugle, à leurs éclats incultes,

A leurs éructations de vainqueurs. Un temps

A moins que ?

Pourquoi n’y avoir pas songé plus tôt ?

La victoire de l’injuste est en réalité sa défaite…

 

Au seuil de la pesanteur

Date de publication : 24 mai 2016

Georges :

Qu’ai-je fait ?

Milicien 2 :

Tu l’ignores ?

Ta réputation parle pour toi.

Milicien 3 :

Nous perdons notre temps à parlementer avec cet individu.

1

Georges :

Qu’ai-je fait ?

Milicien 2 :

Tu l’ignores ?

Ta réputation parle pour toi.

Milicien 3 :

Nous perdons notre temps à parlementer avec cet individu.

Emparons-nous de lui et conduisons-le au camp.

Il agrippe Georges par le bras.

Milicien 1 :

Abou Haddad veut qu’il vienne de son plein gré, lâche-le.

A Georges :

Et toi,

Ne fais pas celui qui ignore ce que tout le monde sait.

Georges :

Dis-le, toi, si tu es si bien renseigné.

Milicien 1 :

Les choses infâmes, on ne les nomme pas…

“Le coffret du Port du Rhin”

Date de publication : 21 mai 2016

Le 4 juin 2016 à 18 heures, dans la salle du Forum de l’école du Rhin, Route du Port du Rhin,
Nicole Docin-Julien, conteuse, donnera le récit : “Le coffret du Port du Rhin” qu’elle a écrit avec la contribution d’habitants du quartier du Port du Rhin réunis par Turbulences dans le cadre de sa résidence dans ce quartier, en partenariat avec le centre socio-culturel “Au Delà des Ponts”, la Ville de Strasbourg (direction de la Culture) et la Direction régionale de la Culture.
La représentation, avant tout destinée aux participants et à leurs familles, sera ouverte au public. Des représentants de la Ville de Strasbourg y assisteront.

Commedia

Date de publication : 25 avril 2016

C’est une presse qui m’étouffe et m’enserre,
Une forge, un marteau qui me travaille,
Me fouraille jusque dans les profondeurs.
Le mal de toi est comme l’ouvrage du fondeur,
Par quoi je prends forme au feu.

Dominique ZINS – 8 € –
ISBN 2-9509968-6-8

Recueil de poèmes – avril 2016

L’amour, ses illusions, ses excès, ses masques, ses postures. Entre lyrisme et humour et un rien d’érotisme, des poèmes écrits entre 1998 et 2003.

Ce recueil constitue l’édition révisée et définitive d’un recueil antérieur, paru en 2008 sous le titre : “Ephémérides”.

Disponible auprès de l’auteur à prix coûtant :

[email protected]

 

ouvrages à compte d’auteur

Date de publication : 25 mars 2016

Quelle puanteur de merde ! Et au sens propre, en plus, si on peut dire ! Il paraît qu’ils ont débouché les toilettes hier soir. On sent pas la différence. Il est vrai que, quand tu as cette odeur dans les narines, elle ne te lâche plus. Tu crois la retrouver partout : sur tes mains, sur tes vêtements, dans ton placard, dans la nourriture…

Les murs de verre,

Roman, 2002, extraits.

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   Quelle puanteur de merde ! Et au sens propre, en plus, si on peut dire ! Il paraît qu’ils ont débouché les toilettes hier soir. On sent pas la différence. Il est vrai que, quand tu as cette odeur dans les narines, elle ne te lâche plus. Tu crois la retrouver partout : sur tes mains, sur tes vêtements, dans ton placard, dans la nourriture…

Stéphane Konrad est allongé sur son lit, dans son refuge, comme autrefois.

Putain de mal de tête ! Et va-t’en obtenir une aspirine !

En face de lui, sur le mur, une tâche noirâtre, graisseuse ; au-dessous, le gris-noir du ciment prompt qu’on a posé à la va-vite pour boucher un trou, un jour, en pensant finir le travail plus tard et repeindre un raccord, qui se serait rajouté à ceux qui existent déjà et donnent à la cellule son teint léopard. Bleu léopard.

Le surveillant vient de déposer le courrier, la promenade est descendue, les portes ont fini de claquer. On va être un petit moment tranquille.

Les cris remontent du terrain de sport. On entend les coups de pied dans le ballon, les interpellations, de temps en temps des clameurs.

Le brouhaha de la cour de promenade est plus confus. De temps en temps, un hélement fait surface ou les échos d’une algarade sous le préau. Hier, ça a dégénéré en bagarre, les surveillants ont dû intervenir.

Depuis quelques jours Stéphane ne descend plus en promenade. Il des dettes. On l’a fourni en poudre et il n’a pas pu rembourser. Manu et sa bande le cherchent.

La bonne solution serait de rembourser en cantine ou espèces mais, justement, là ce n’est pas possible. Il y a un moment qu’il n’a pas reçu de mandat ; il n’a plus rien sur son compte. Quant au cash, il va encore essayer, mais c’est de plus en plus difficile.

Vraiment pas évident !

Un relent de cuisine passe sous la porte, à vous faire vomir… Il leur gerberait bien dessus… petits frimeurs. Saloperie de Manu, seul à seul, il ne ferait pas le poids. Mais voilà, il est en groupe et il n’y pas grand-chose à faire quand on est seul…

Stéphane se redresse. Il n’est pas bien. La nausée. C’est plus possible ! Il se lève, un peu faiblard, et va pousser la chasse d’eau des toilettes. Même si ça ne change rien à cette putain d’odeur, ça soulage.

Là, debout, elle revient la question, toujours la même : que faire vis à vis de sa femme ? Elle se lasse ; combien de fois lui a-t-il promis de s’en sortir, de chercher du boulot ? En plus, maintenant, il y a Isabelle.

Isabelle, une fille intelligente, vive, directe. Il l’a rencontrée avec une bande de copains un soir de concert. Un « joint » partagé, une discussion à perte de vue sur Beckett, Musil et Ecco toute la soirée, une partie de la nuit. Après, des rendez-vous en groupe, d’abord, puis seuls à seuls, jusqu’à ce qu’ils deviennent amants. Des soirées inoubliables. Une entente physique immédiate, puissante, libératrice. Un envers de l’angoisse.

Mais voilà, Stéphane est marié…

Trop chaud dans ce lit !

Stéphane repousse la couverture, laisse filer ses idées quelques minutes.

Quitter sa femme ? Un reste d’amour ou de pitié pour Marion le retient. Et il y a les enfants : ne pas les faire pleurer, ne pas leur faire subir une séparation…

Mais ce n’est pas là un faux problème ? Pour ce qui est de pleurer, ils pleurent déjà. Alors, pourquoi vivre dans l’hypocrisie ? Il suffirait de parler, d’avouer. Mais voilà, ce n’est pas tout. C’est Marion qui travaille et fait vivre le couple, les enfants. Partir, c’est bien beau, mais pour aller où ? Isabelle squatte chez des copines et, se payer un appartement ce n’est pas pour tout de suite.

On en revient toujours là : il faut d’abord se soigner.

Stéphane remonte la couverture sur son visage. Il essaie de dormir, d’oublier. Sa respiration ralentit progressivement, le traitement du matin fait son effet, il va s’enfoncer doucement dans le sommeil.

Tout à coup, la clef qui cherche la serrure, puis s’y introduit et tire le pêne. La porte s’ouvre. Qu’est-ce qu’il vient faire celui-là ? Ne pas bouger, feindre le sommeil, qu’il reparte ! Mais le connard insiste. Vraiment pas envie de l’entendre. Pourtant, il tire la chaise, la débarrasse, s’assied dessus.-

– Stéphane, bonjour, c’est Jean. Il paraît que ça ne va pas bien ? Tu ne sors plus de ta cellule, à ce qu’on me dit… Je suis venu voir si je peux t’aider.

Un grognement sort de la bouche de Stéphane.

– Bonjour, Stéphane. Tu as l’air fatigué ?

Une hésitation, puis Stéphane repousse la couverture, dégage son visage émacié, se redresse. Au menton, une barbiche. Dévalant le front, les tempes et la nuque, des cheveux bruns abondants encadrent les traits crispés et le regard tendu.

– Excusez-moi, je ne vous avais pas reconnu…

La réforme

Comédie, 2005, extraits.

Personnages 

Par ordre d’apparition

Geneviève Schmall, 45 à 50 ans, directrice d’un service central au ministère

Jérôme Mirecourt, 30 ans, chef de bureau au ministère

Georges Barine, 50 ans, ministre

Nicolas Rouvillains, brillant énarque de 35 à 40 ans, son directeur de cabinet

André Markovic, 45 à 50 ans, conseiller technique auprès du Premier Ministre

Rachida Benthamida, 25 ans, jeune journaliste au « Microcosme »

Des fonctionnaires ( 3 ou 4 )

Les représentants des lobbies ( une dizaine ).

Première partie

Scène 1

                   Une grande boite domine la scène, sorte de bière aux dimensions disproportionnées, faite en bois de pin mal équarri, ou de tout autre matériau brut.  Elle est   disposée au milieu d’une sorte de hall d’exposition, qui sert également de salle de conférence.

Schmall : Je vais vous montrer. Elle conduit Jérôme devant la boite et ce dernier y dépose les dossiers sous lesquels il ploie. Tels qu’il les pose, ils débordent de la boite. Je vous présente le cadre de la Réforme de l’Etat. Tout doit entrer là-dedans. Tout : la simplification des règles administratives (c’est notre objectif de toujours), la mise en paramètres de toutes les formes d’activité, les attentes des usagers et la déclaration de politique générale du Premier Ministre, sans oublier les Recommandations internationales, le développement des pays les plus pauvres et la sauvegarde de l’équilibre écologique planétaire.

J’y ajouterai la défense des intérêts des professions de santé et des dragueurs de mines, des anges d’apocalypse et des hippocampes, la protection des chefs d’œuvre en péril et des chefs d’orchestre, des poulets fermiers et des policiers méritants, et enfin, pour couronner le tout,   le soutien aux ligues de vertu et aux pratiques sybaritiques…

Jérôme : Tout cela ?

Schmall : Oui, et dans un cadre aussi  ramassé. C’est remarquable, non ?

Jérôme : Certainement.

Schmall : C’est tout ? Vous en êtes vraiment  persuadé ? Signe d’approbation de Jérôme. Alors montrez-le. Ne prenez pas cet air coincé. Souriez ! Là ! C’est mieux. Redressez-vous encore. Jérôme se redresse, mais reste un peu voûté. Maintenant on sent en vous à la fois l’énergie et la bienveillance.

Jérôme : Je vous remercie de me trouver ces qualités. Parfois, je dois donner l’impression d’être un peu ailleurs… C’est vrai que j’ai un côté rêveur : j’essaie de trouver du sens à ce que je fais.

Schmall : Il est charmant ! Trouver du sens ! Mais personne ne vous le demande, ne vous inquiétez pas pour ça. Allons, montrez-moi votre projet annuel d’activité. Jérôme lui tend un document. Schmall le parcourt rapidement. Pendant ce temps, et durant tout l’entretien, à intervalles réguliers ou non, comme on voudra,   des fonctionnaires en costume gris, tous identiques, viennent déposer dans la boite des documents ou des dossiers, quitte à ce qu’elle déborde. Voyez-vous, mon petit Jérôme, il y a un moment que je vous observe. Vous avez de remarquables qualités, encore sous-employées…Si, si…Vous ne croyez pas assez en vous. Vous êtes jeune, brillant, et vous êtes promis à un bel avenir… Non, non, ne prenez pas cet air étonné.

Jérôme : Je ne voudrais pas vous décevoir.

Schmall : Me décevoir ? Ne vous inquiétez pas, je sais discerner les talents.  Laissez-moi vous guider, je vous ferai bénéficier de mon expérience…Croyez-moi, votre carrière s’en ressentira.

Jérôme : Vraiment ?

Schmall :  Oui, et ne perdons pas de temps. Je vous explique. Le plan de travail que vous me proposez est très bien, mais il n’est pas assez ambitieux. J’ai préparé un projet qui est à la mesure de ce qu’on attend de nous. J’aurais aimé que vous le lisiez et que vous me fassiez part de vos suggestions.

Jérôme : Je doute de pouvoir améliorer votre travail.

Schmall : Ne faites pas le modeste. Je suis sûre que vous ne croyez pas ce que vous dites… Quoique, je l’admets, on puisse se poser des questions parfois. Moi-même, je me permets de vous le dire, je me reconnais des limites. A votre contact, on se sentirait parfois pris de doutes.

Jérôme : De doutes ?

Schmall : Oui, Jérôme, auprès de vous, j’ai l’impression de redécouvrir le jeune-fille en moi, encore fraîche et timide.

Jérôme : Je vous imagine aisément, douce, effacée, timide.

Schmall : Ne vous y trompez pas, sous des dehors actifs, se cache une âme tendre, presque enfantine. Si vous m’entendiez rire, parfois…

Jérôme : Rire ? Oui, bien sûr… Pourtant, si je peux me permettre une remarque, l’humour n’est pas ce qui transparaît le plus chez vous.

Schmall : Oh ! qu’il est mignon. Voudriez-vous que nous en reparlions ? Je vous invite à dîner ce soir.

Jérôme : Je suis désolé, Madame la Directrice…

Schmall : Appelez-moi Geneviève.

Jérôme : Je suis désolé, mais j’ai déjà un rendez-vous.

Schmall : Un rendez-vous ? Vous ne pourriez pas le décommander ?

Jérôme : Je regrette…

Schmall : Très bien. Je vois. Ce n’est pas à cause de cette petite journaliste qui ne cesse de vous tourner autour ?

Jérôme : C’est à dire…

Schmall : Inutile de m’en dire plus. J’ai compris. Vous le regretterez peut-être un jour… En attendant je compte sur vous pour mon projet. Je sais que je le peux, n’est-ce pas ?

Jérôme : Certainement. Il amorce un départ. J’allais oublier, le Cabinet a téléphoné : il faut que vous rappeliez M. Rouvillains. C’est urgent.

Schmall : M. Rouvillains ? Vous n’auriez pas pu me le dire plus tôt ?

Jérôme : Vous ne m’avez pas laissé le temps…

Schmall : Nous n’avons pas été mis en cause par les médias ?

Jérôme : Non, pas que je sache. J’ai cru comprendre qu’il s’agit d’une nouvelle réforme.

Schmall : Une nouvelle réforme ? Tiens donc, quand on a besoin de moi, on se souvient que j’existe. Malgré tout, M. Rouvillains en personne, je suis surprise. Je vous remercie. Jérôme sort, suivi par Schmall. Aussitôt la boite est soulevée du sol, à moins que le fond ne s’ouvre.  En tout cas elle se vide de son contenu. Les dossiers qui la remplissaient sont ramassés par les fonctionnaires en gris et emportés dans des cartons d’archives ou des caisses de déménagement. Quand ils ont fini leur travail, la boite revient à l’horizontale et se retourne, faisant apparaître une sorte de machine-outil, avec de nombreuses manettes, voyants et tuyaux et l’un des fonctionnaires y ajoute un énorme massicot.  Entrent Barine et Rouvillains. 

 

Cette étrange lumière,

Nouvelles, 1999 (réédition, 2016), extraits.

 

Une lueur dans la nuit

Premier jour

Le soleil, ce matin-là, lassé de l’indifférence des hommes, et pris du désir de changer le cours de sa  vie monotone, trouva bon de se payer quelque fantaisie et d’aller gambader dans l’infini des espaces sidéraux. Il se sentait le cœur léger, rempli d’une joie à déplacer les montagnes. Un honnête fonctionnaire comme lui n’avait-il pas gagné le droit à une journée de repos ? Pour une fois, il pourrait bien prendre un peu bon temps. Après un bon petit déjeuner, avec pain grillé et café noir bien fumant, il irait rendre visite à la lune, sa cousine, ou irait faire un tour sur la voie lactée, à moins qu’il n’entreprenne de ranger sa collection de gouttes d’eau irisées. Bref, il se consacrerait à ses passe-temps favoris. Et, sur ce plan, il ne manquait pas de projets. Il lui semblait même qu’il pourrait y consacrer tout son temps désormais.

Un sentiment d’aise l’habitait, quelque peu mêlé de scrupule, cependant. En effet, le souvenir de son devoir l’empêchait d’être complètement détendu. Pour chasser cette désagréable impression, il se persuadait que les hommes pourraient bien se passer un peu de lui. Nul n’est indispensable et, de toute façon, les usagers n’en finissaient jamais de se plaindre, les uns trouvant qu’il chauffait trop et les autres pas assez ; les uns réclamant la pluie et les autres soupirant contre le mauvais temps. Lui parti, il faudrait bien qu’ils se mettent d’accord. Cela ferait un joli spectacle de les voir palabrer sur les balcons du ciel pour savoir qui aurait le droit plus qu’un autre de jouir de la lumière ou de se réserver toutes les ténèbres à des fins personnelles. Cette pensée l’amusa fort et lui fit pousser un soupir d’aise. Qui sait ? On finirait peut-être par reconnaître ses mérites et par venir demander ses services avec force remerciements.

Mais le temps passait et sur terre il était dix heures, du moins à en croire les montres et les pendules, car, dans la nuit qui durait, certains se permettaient d’en douter. Selon toute apparence, il était donc dix heures et les bonnes gens se posaient des questions. Dans les écoles, en voyant les enfants s’agiter sur leurs chaises, les maîtresses se demandaient si elles devaient donner la récréation. Aux caisses, dans les premières files d’attente des supermarchés, on engageait la conversation. On se parlait même dans les transports en commun, les ascenseurs des immeubles, sans compter, bien sûr, les salons de coiffure et les bureaux.

Onze heures sonnaient maintenant. L’événement commençait à prendre consistance. Les mains sur les hanches, salariés et non-salariés se tenaient sur le seuil de leur maison, dans la cour des usines, sur les parcs de stationnement ou même dans la rue. La rumeur enflait : il se passait quelque chose d’anormal. Chacun s’essayait à une explication, si bien que circulaient les nouvelles les plus contradictoires. Pour les uns, il s’agissait de l’explosion d’une centrale atomique : un épais nuage bouchait le ciel et il était urgent de courir se mettre à l’abri. Pour les autres, c’était sans nul doute un essai de régulation du temps, effectué par les ministères du Tourisme et de l’Agriculture réunis. D’autres parlaient d’éclipse, de fonte massive des glaces des pôles, de trous béants dans la couche d’ozone. Certains s’inquiétaient d’une possible invasion d’extra-terrestres. Les radios et les télévisions effectuaient leurs premiers reportages, ce qui prouvait bien qu’on était en présence d’un événement d’importance ou même d’un scandale.

En effet, une évidence saisit tout un chacun : on cachait quelque chose au public. La démocratie était bafouée. Pourquoi n’était-on pas informé des événements en cours? Et pourquoi le gouvernement n’avait-il rien fait pour les prévenir ou les empêcher ? Où étaient les responsables ? La rumeur devenait polémique : non seulement il fallait trouver les responsables, mais il n’était pas question qu’ils refusent de se reconnaître coupables.

En un instant les rues furent noires de monde. La foule refluait vers les places dans un désordre indescriptible. Les automobilistes étaient contraints de s’arrêter. Ils étaient invités, avec plus ou moins de ménagements, à rejoindre les manifestants. La plupart d’entre eux s’exécutaient. Les autres se faisaient sortir de force de leur véhicule ou défoncer le pare-brise, quand ils ne se faisaient pas molester.

Des délégations s’improvisèrent, qui se rendirent dans les préfectures, auprès des ministres, et même auprès du chef du gouvernement. Les directions des usines, des magasins, des administrations, furent saisies de vives protestations et sommées de joindre au plus vite les pouvoirs publics.

L’heure de midi était passée depuis un moment déjà. Après les premières manifestations, les foules défilaient sans but. Des attroupements se formaient ici ou là. Tel ou tel leader improvisé y allait de son discours. Les cafés et restaurants étaient combles. Des éclats de voix nombreux signalaient des discussions passionnées Dans les maisons on s’était mis à cuisiner. On s’invitait réciproquement. Le sentiment d’angoisse général était mêlé d’une sorte d’allégresse, celle des jours de fête.

À quinze heures, du moins quand il semblait qu’il fût quinze heures, parurent les premiers journaux. Les kiosques furent pris d’assaut. La Presse était unanime : c’était un scandale. L’opposition accusait la majorité d’impéritie et la majorité s’exonérait de ses responsabilités, en indiquant qu’elle devait bien assumer l’incurie de l’opposition. Cette dernière venait, en effet, de quitter le pouvoir depuis quelques semaines seulement. Un communiqué du gouvernement appelait la population au calme et faisait savoir qu’une cellule de crise était constituée. Consultés à l’improviste, des savants renommés tentaient de donner telle ou telle explication au Phénomène. Les différentes corporations faisaient déjà part de leurs difficultés et laissaient entendre qu’elles auraient besoin des pouvoirs publics si les choses devaient continuer ainsi. Des pages de conseils pratiques indiquaient les mesures d’urgence à prendre pour les particuliers. On signalait les éventuels changements de programmes télévisés, afin que chacun puisse s’adapter à un tel bouleversement.

La fin de l’après-midi se passa à attendre le discours du chef du gouvernement. Il fut annoncé et reporté plusieurs fois. À certains moments les médias audiovisuels avaient cru obtenir les déclarations d’un ministre. Mais l’espoir avait toujours été déçu. Les présentateurs occupaient l’antenne comme ils le pouvaient, à l’aide d’images virtuelles et de débats improvisés, au cours desquels des hommes politiques énonçaient des généralités.

À vingt heures, enfin, apparut le Président de la République, pâle, les traits tirés, l’air défait. Il annonça qu’une panne imprévisible de l’astre solaire l’obligeait à prendre, en concertation avec les gouvernants des pays les plus puissants, une série de mesures d’exception, qui seraient, bien entendu, toutes provisoires. Les savants les plus renommés avaient été invités à un symposium extraordinaire, afin d’examiner les causes de la panne et les moyens d’y parer. À n’en pas douter, des solutions seraient trouvées et la lumière rétablie au plus tôt. Le discours s’acheva par un appel au sang-froid et au calme de chacun.

Juste après, cette déclaration fit l’objet d’un commentaire en forme de paraphrase, dit d’un air pénétré par les journalistes les plus en vue du moment. Ce rituel étant accompli, les braves gens purent être rendus à leurs distractions habituelles. La soirée passa, puis la nuit, et ce fut le deuxième « jour »…